mercredi 2 juillet 2008

François, prince de Marsillac et plus tard due de la Rochefoucauld, appartenait a une très ancienne et très noble famille.A seize ans (1629) il parut a la cour. C'était précisément le temps ou Richelieu entreprenait d'asservir la noblesse: le jeune homme, vif, romanesque, aventureux, se dévoua de tout coeur aux belles amazones qui combattaient le cardinal. II prêta la main a bien des complots, et fut au demeurant très heureux de s'en tirer avec une simple disgrâce. Quand Anne d'Autriche devint régente, tous ceux qui avaient lutte pour elle comptaient sur sa reconnaissance: en première ligne, La Rochefoucauld qui estimait volontiers " qu'il n'y avait rien d'assez grand dans le royaume pour le récompenser. Mazarin refusa de lui accorder les privilèges qu'il convoitait et qui l'eussent égale aux plus nobles maisons : un tabouret pour sa femme et le droit d'entrer en carrosse dans la cour du Louvre. Cens fut assez pour le jeter dans les rangs des Frondeurs et l'attacher, par des liens peut-être plus intéresses que tendres, a l'une des plus illustres Frondeuses, Mme de Longueville, soeur de Condé. II fut frondeur sous les deux Frondes. II y joua un rôle brillant et équivoque. Dans le fond, il travaillait pour son " accroissement " et demeurait prêt a se rallier, s'il l'obtenait. C'était, comme il l'a remarque, le cas de tous les Frondeurs, et le pessimisme des Maximes dérive sans doute de cette constatation : " II est presque impossible, a-t-il avoue, d'écrire une relation bien juste des mouvements passes (de la Fronde), parce que ceux qui les ont causes, ayant agi par de mauvais principes, ont pris soin d'en dérober la connaissance, de peur que la postérité ne leur imputât d'avoir dévoué (sacrifie) a leurs intérêts la félicite de leur patrie. " Au combat du Faubourg Saint-Antoine, une arquebusade reçue en pleine figure " lui fit presque sortir les yeux de la tête" (1652). A demi aveugle, fatigue par cinq ans d'agitations stériles, il fit sa paix avec Mazarin : " La réconciliation avec nos ennemis, lira-t-on dans les Maximes, n'est qu'un désir de rendre notre condition meilleure, une lassitude de la guerre et une crainte de quelque mauvais événement. Les yeux affaiblis, goutteux, toujours valétudinaire, désabusé de tout par l'échec irrémédiable de sa vie, il se confina désormais chez lui : il avait quarante-huit ans. II allait chercher dans l'exercice désintéressé de ses forces intellectuelles l'adoucissement de ses désillusions. II se fit une vieillesse paisible, sinon heureuse, illuminée par d'exquises amitiés de femmes, Mme de Sable, Mme de La Fayette, Mme de Sevigne. Son ancien ennemi, le cardinal de Retz, venait le visiter.
A cette société d'élite, il lisait ses Maximes, sollicitant les avis et les critiques. Pendant ce temps, son fils, courtisan modèle, attache au roi qu'il suivait en tout lieu, en tout temps, obtenait par sa servitude émérite cet " accroissement " que lui-même avait vainement cherche par des moyens plus fiers. II eut la douleur de perdre, au passage du Rhin, un de ses deux fils et le jeune de Longueville dont il demeura inconsolable. Il s'éteignit en 1680, entre les bras de Bossuet. Rien ne réussit à cet homme, pourtant supérieur, parce qu'il n'avait pas une nature simple. La vanité, chez lui, entravait l'ambition; la passion déconcertait les calculs de l'égoïsme; surtout l'intelligence faisait hésiter la volonté : il était irrésolu, inconstant; il paraissait peu sur de son parti, qui ne lui pardonnait point la clairvoyance avec laquelle il le jugeait parfois et se jugeait lui-même, en tant qu'il coopérait à l'oeuvre commune. De là ce je ne sais quoi de trouble, cette irrésolution habituelle, cette impuissance a remplir son mérite, que signale un observateur pénétrant, le cardinal de Retz : ce sont les effets ordinaires de l'esprit critique, rare encore chez ceux de son temps, mais qui bientôt va paralyser chez tous les ressorts de l'énergie. Une maxime est l'expression concise d'une vérité générale d'ordre moral. " Les vertus se perdent dans 1 intérêt comme les fleuves se perdent dans la mer. II n'y a au monde qu'égoïsme, c'est-a-dire intérêt.
Ce fut la le charme qui la mit en crédit a la cour et qui valut a Marie Madeleine Pioche de la Vergne (née en 1634 dans une famille de très petite noblesse, mariée selon les convenances a un comte auvergnat), les confidences de la jeune et brillante Madame, belle-soeur du roi, - l'amitié intime de la marquise de Sevigne, l'attachement passionne de La Rochefoucauld vieillissant.
Mais e11eavait écrit un chef d'oeuvre, en confessant a demi le secret douloureux de sa propre vie : La Princesse de Clèves (1678). Elle demande appui à sa mère, qui meurt en l'exhortant à songer à ce qu'elle doit à son mari et à elle même. Puis elle se tourne vers son mari, elle lui laisse entendre que son coeur est de plus en plus trouble, elle le supplie de la protéger contre elle-même. En somme l'événement capital de sa vie a certainement été le mariage de cette fille " dont elle avait fait, disait Arnauld, l'idole de son coeur. Jusqu'au mariage de sa fille, Mme de Sevigne a peu écrit. Sa fille mariée, tout change; désormais, pour conjurer l'ennui, pour rester aussi proche que possible de la chère absente, pour la distraire dans sa lointaine province, elle va lui envoyer par tous les courriers les nouvelles grandes et menues de la cour et de la ville, mêlées de réflexions, de papotages, d'impressions de toute espèce. Ces lettres n'étaient point destinées a la publicité : elles ne furent recueillies en volume que trente ans environ après 1a mort de la marquise (en 1725). Cette correspondance est d'abord l'histoire d'une âme. Ce que nous y trouvons avant tout, c'est Mme de Sevigne elle-même, avec son aisance, ses grâces naturelles, son esprit droit et sa sensibilité impétueuse : effusions après les séparations qui lui sont si cruelles (6, 9, 13 février, 4, 24 mars 1671, 5 octobre 1673), - impressions de lectures, - réflexions sur la vie, - impressions de nature : le " triomphe du mois de mai (29 avril 1671), la gaité de la fenaison (22 juillet 1671), la tristesse des arbres que l'on abat (27 mai 1680), la fantasmagorie des clairs de lune (12 juin 1680), l'éclosion joyeuse des bourgeons (19 avril 1690). C'est aussi I histoire d'une société. Les descriptions significatives, les anecdotes alertement contées abondent.
Les Lettres sont l'indispensable complément des Mémoires de Saint-Simon. Histoire d'une âme, chronique d'une societe, tout cela se mêlé a vrai dire dans le cours de chacune de ces lettres changeantes et souples comme la conversation même et qui ne sont a vrai dire que des conversations écrites. Un tempérament calme on dominent l'intelligence et surtout l'imagination, voila comment Mme de Sevigne nous apparait d'après ses Lettres. En général, elle a plus d'enjouement que de vivacité et de sensibilité. Elle n'eut de passion que pour sa fille, un peu aussi pour Marie-Blanche, une affection calme pour son fils; en dehors de ce1a, quelques amitiés solides et sereines, on son esprit avait part autant que son coeur : Fouquet, Retz, Mme de La Fayette. En dépit donc de ses effusions maternelles, ce n'est pas une passionnée. En sa jeunesse, elle est vive et gaie, et donne par la prise aux médisants; cela s'amortit un peu avec l'âge, mais on retrouve encore la rieuse jeune fille dans la grand mère. Spirituelle, ironique, maligne, elle n'est point tendre, sentimentale ni mélancolique. Les larmes lui manquent, et la pitié : la dure répression de la Jacquerie en Bretagne ne l'attendrit guère. Elle aime la nature, et par la ses lettres mettent une note originale dans la littérature classique : mais el1e ne mêlé a cet amour ni sentimentalité ni rêverie. Elle en fait de la joie, comme de tout, et une joie physique, sensuelle, une joie des yeux et des oreilles. Un printemps, c'est du rouge, puis du vert : en voila assez pour l'enchanter. A Livry, aux Rochers, el1e a des bois; mais ici c'est un vert, et la un autre vert. En automne, " les feuilles sont aurore, et de tant de sortes d'aurore que cela compose un brocart d'or riche et magnifique. " Elle a ainsi des impressions, des plaisirs d'artiste. Elle aime les livres : elle est passionnée de comprendre et de penser. Très solidement instruite, elle a un choix de lectures austères pour_ une femme. De ce fonds de lectures, qu'elle applique a son expérience, sortent toutes ces réflexions sur la vie humaine, sur les moeurs et les passions, qui rendent ses lettres si substantiel1es. Ses émotions se complètent de toutes sortes de représentations imaginatives qui par contrecoup les exaltent parfois; en tout cas, elles mettent dans son oeuvre plus de variété et de richesse qu'elle n'en a parfois ressenti dans son coeur. " Les Mémoires de Paul de Gonde, cardinal de Retz, ne furent publies qu'au début du XVIIIe siècle. Il se servit de sa place pour se rendre populaire, s'endettant pour distribuer plus largement les aumônes et répondant a qui lui en faisait le reproche : "César, a mon âge, devait six fois plus que moi" Malheureusement la charge qu'il convoitait était tenue par un autre: Mazarin. De temps à autre il va à Rome pour le service du roi et montre dans les négociations, dans les conclaves que son génie n'a point change: on ne peut se jouer plus tranquillement de l'Eglise et de la religion. Avec la même absence de scrupules qu'il s'est fait cardinal, il fait des papes : il n'y a partout pour lui que de la politique. a fait certain que sa vie était finie, il se démit du cardinalat; humilité que le public admira, sans voir que Retz se créait ainsi, a peu de frais, une espèce de grandeur, sans doute toute différente de celle qu'il avait rêvée.

mardi 17 juin 2008

LA PREMIERE GENERATION DES GRANDS CLASSIQUES

La Reforme provoqua chez les catholiques un réveil puissant de la foi.
Le jansénisme fut un des aspects de cette renaissance religieuse.
Largement répandu dans la société laïque, il fut le plus puissant adversaire du libertinage.
Celui-ci se réclamait de la raison; le jansénisme démontrait l'impuissance de la raison sans la foi.
Le jansénisme est une solution donnée à un problème très difficile : celui de la liberté humaine.
Il prétend que I’ homme ne peut rien par lui-même; c'est Dieu qui fait tout en lui, qui le sauve ou qui le damne.
Nous devons donc vivre dans l'attente angoissante d'un jugement sur lequel nous ne pouvons rien.
La morale du jansénisme est très austère.
Le fondateur du jansénisme est un évêques d'Ypres, Jansénius, auteur de l'Augustinus (1640).
Le mouvement pénétra en France par l'intermédiaire de l'abbé de Saint-Cyran et de la communauté terminiez de Port-Royal.
It fut combattu par les jésuites, qui armèrent contre lui l'autorité royale et parvinrent, en 1710,à faire raser les bâtiments de Port-Royal.
(1623-1662), après une enfance et une jeunesse adonnées aux sciences, vint au jansénisme par deux conversions successives, dont la deuxième fut une illumination subite.
Il apportait de Port- Royal un esprit rompu au raisonnement scientifique et de la pratique du monde.
Ces qualités, rares chez un théologien, firent le grand succès des Provinciales (1656-1657), écrites pour riposter aux attaques des jésuites.
Il entreprit ensuite au milieu de souffrances, aigués, qu'il accroissait volontairement pour se mortifier, une œuvre, destinée à la conversion des incrédules.
La mort l'empêcha de l'écrire.
C'était une nature ardente, tourmentée, et une des intelligences les plus puissantes et les plus complètes qui aient jamais été.
Savant, il créa la méthode expérimentale, qui s'oppose nettement de la méthode cartésienne, trop confiante en la seule raison (expérience du Puy-de-Dôme).
Du raisonnement et par le naturel de la forme, le premier chef-d œuvre classique.
Apologiste, il préparait cette Apologie de la Religion Chrétienne qu'il ne put rédiger; du moins ses notes préparatoires subsistent, et ce sont elles que l'on a publiées sous le nom de Pensées.
II semble avoir voulu démontrer d'abord que la religion n'est contraire ni de la raison ni de la volonté de bonheur de I’ homme; qu'historiquement elle est vraie; et donc qu'il faut croire ou Plutôt pratiquer pour se préparer de croire, la foi ne pouvant être donnée que par la grâce.
Par sa défiance de la raison, par son imagination puissante, Pascal diffère des autres classiques; le XIXe siècle seul l'a pleinement compris.
Sa principale originalité est le don de profondeur qui lui découvre toutes sortes de rapports insaisissables aux autres.
Quand les autres croient tenir la vérité, Pascal en aperçoit les limites; il a vu celles de la science, il a demande de la foi une connaissance supérieure d'où celle que la science lui procurait: il n'y a pas eu de rupture dans sa vie intellectuelle.
Sa «rhétorique» consiste d’écrire le Plus naturellement possible et de recherchè toute occasion l'ordre persuasif.
Les deux caractéristiques de son style, un des plus vivants qui soient, sont la logique et la passion.
C'est un des plus grands poètes de la littérature chrétienne.
La Reforme provoqua en France chez les catholiques un réveil puissant t de la foi et de l'ardeur morale.
L'esprit monastique travaille a refouler· a la fois les doctrines hétérodoxes des protestants et le libertinage naturaliste issu de la Renaissance.
Au reste, tant d'années de discordes et de misères avaient retrempe 1 énergie des âmes et elles aspiraient a une religion ascétique.
instinct national, le peu de succès qu'obtinrent chez nous les résuites, dont la religion parut trop aimable et trop fleurie, et la profonde influence qu'exerça au contraire le jansénisme.
C'est qu'étant une doctrine et non point un ordre, il sollicitait simplement 1 adhésion de la raison, en dehors de tout engagement matériel destructeur de la liberté.
Les «libertins,» comme on appelle les incrédules, furent nombreux sous Louis XIII. II y en avait de deux sortes; un premier groupe était constitué par les philosophes et les érudits, gens discrets, ennemis du scandale, et qui faisaient extérieurement profession de respecter la religion.
Ces libertins du monde n'avaient pas de doctrine arrêtée : ils se moquaient des mystères et des dévots, affichaient la tolérance, prétendaient suivre seulement la raison et la nature, et vivaient en gens plus assurés d'avoir un estomac qu'une âme.
En aucune façon, objectent les jansénistes suivant saint Augustin; car cette liberté qu'il faudrait bien concéder a l’homme pour qu'il put réellement mériter ou démériter, ce serait une restriction inadmissible a la souveraineté absolue de Dieu.
Les jansénistes soutinrent que les propositions n'étaient pas dans Jansénius (elles n'y étaient pas textuellement, mais elles étaient l'âme du livre, selon Bossuet), et ils refusèrent de les condamner comme étant de lui.
Peu a peu, le monde le reconquiert; il constate que pour se bien comporter et pour y réussir, il y faut un esprit différent de l'esprit scientifique : il y faut du gout, du discernement.
II le fit dans les Provinciales avec une vigueur qui déconcerta l'adversaire et rendit ces pamphlets immortels.
Nature tourmentée et superbe, que la maladie aigrit encore et troubla, intelligence puissante, étendue en tous sens, - un des plus beaux et des plus forts esprits d'homme qu'il y ait jamais eu.
Valeur littéraire c'est du reste ce recours a la raison humaine qui fit le succès des Lettres et qui en fait encore aujourd'hui la beauté supérieure.
Aussi Pascal, tout Pascal qu'il était, ne put-il que faire sortir des textes la vérité qui lui plaisait.
Pascal arrive donc a cette conclusion : il faut croire; et, en attendant que la grâce nous soit donnée de croire, il faut vivre en chrétien, faire comme si on croyait,: on pliera la machine, on ira a la messe, on s'abêtira de façon que les habitudes du corps ne fassent pas obstacle aux mouvements de l'âme, et la préparent pour le moment ou la grâce l'inclinera.
Pascal en effet, janséniste conséquent, n'attend rien que de la grâce: seule elle peut donner la foi; quand la raison cessera d'argumenter, elle illuminera le cœur.
Voila ce que c'est que la foi: Dieu sensible au cœur, non a la raison!.
Le XVII et le XVIIIe siècle l'ont admire ou combattu sans le bien comprendre.
Le XIXe siècle a enfin mis ce prodigieux génie a sa juste place.
II a emprunte sa matière un peu partout : ses idées chrétiennes, surtout aux Peres de l'Eglise; ses idées profanes, surtout a Montaigne.
II a en effet sur l'originalité la superbe indifférence de nos classiques; comme eux, il vise moins a la nouveauté qu'a la vérité.
Mais il est incomparable pour saisir, dans les idées.que les autres ont eues avant lui, toutes sortes de liaisons qu'on ne soupçonnait pas et pour en montrer l'importance.
Jamais rien, chez lui, ne reste banal et superficiel.
Les chasés qu'on lit ailleurs, dans Montaigne même, sans y faire grande réflexion ni y apercevoir grande conséquence, prennent, lorsqu'il les rend presque dans les mêmes termes, une gravite, une portée qui saisissent l'esprit : par un mot, ou même par l'insaisissable frémissement de sa phrase, on sent qu'il y voit un monde.
Ce don de profondeur apparait a tout instant dans les Pensée;.
A chaque pas, des mots brefs, étranges parfois, ouvrent d'infinies perspectives : les problèmes les plus troublants de la science contemporaine, l'identité du moi, I hérédité des caractères acquis y sont posés.
En ce temps même ou la science faisait ses premiers pas, ou le premier emploi des méthodes et des instruments la remplissait d'espérance et d'orgueil, - il en a très exactement délimite le domaine dans son fameux morceau des Deux Infinis : n'ayons point d'illusion : nous n'apercevrons jamais les substances, les principes, les causes, tout au plus «quelque apparence du milieu des choses;» la connaissance scientifique est essentiellement incomplète et relative.
Et cela désespère ce grand esprit, avide d'une certitude absolue et infinie.
Originalité et unité de la pensée de Pascal.Par la se découvre a nous l'unité de pensée de Pascal; l'ascétisme janséniste de Pascal et les Pensées ne sont pas en contradiction avec le développement antérieur de son intelligence.
II n'y a pas eu de rupture dans sa vie intellectuelle : il y a eu une évolution continue, au terme de laquelle il a tout quitte pour suivre Jésus-Christ.
La raison, il l'avait éprouvé, ne lui donnait prise que sur le monde décevant des apparences i1 a donc demande a la foi une connaissance supérieure a celle que lui procurait la raison.
Le dévot en lui n'a pas détruit, il a contente le savant.
II y a une «rhétorique» de Pascal.
La «théorique »Le mot est d'Arnauld : «Feu M. Pascal, de Pascal qui savait autant de véritable rhétorique que personne en ait jamais su
II faut la chercher dans l'opuscule : De l'esprit géométrique, notamment dans sa seconde partie: De l'art de persuader, et dans les Pensées.
Elle consiste en cette observation très générale : c'est qu'il ne peut exister de règles particulières, seulement des principes.
Voici quels sont ces principes : il ne suffit pas de convaincre l'entendement, il faut persuader le cœur; pour cela l'esprit de géométrie est impuissant, il faut recourir a l'esprit de finesse.
C'est l'esprit de finesse qui décidera des tours a employer, de la disposition même des arguments.
II faut se renfermer, le plus qu'il est possible, dans le simple nature!..
.. Donc, étant donné le but poursuivi, il faut supprimer «tout ce qui n'est que pour l'auteur» et «ce qui masque et déguise la nature »: les fausses symétries pareilles a de fausses fenêtres, les fausses elle Entendez qu'elle dédaigne les procédés et va droit à l'âme.
gances, les ornements postiches : «La vraie éloquence se moque de l'éloquence.
Nul n'a plus travaillé se manuscrits que Pascal a refait treize fois, dit-on, la XVIIIe Provinciale.
L'originalité de son style éclate Le style de Pascal: avec d'autant plus de puissance Géométrie et passion qu'il est dépouille de tout artifice.
On a dit de ce style qu'il était «la géométrie en Hamme» : la logique et la passion en sont en effet les deux caractères.
II respecte les propriétés des mots, elles veut exactement a leur place, et c'est le fait du logicien; mais parce qu'il s'est engage de toute son âme dans les problèmes qu'il agite, ses émotions ou visions se coulent naturellement dans l'expression, et c'est le fait du poète.
II n'est pas de poésie plus large et plus terrible que celle a Laquelle il atteint quand il se place en face de l'inconnaissable.
Par elles, il a rendu avec force la poésie de la religion : non point la poésie extérieure, mais la poésie intime, personnelle, qui emplit l'âme croyante unie a son Dieu.
C'est un des plus grands poètes de notre littérature classique.
C'est un des plus grands poètes de la littérature chrétienne, a placer entre sainte Thérèse et l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ.
Lisabuzz.com parle de Histoire de la Littérature : Tantôt drôles, tantôt émouvants, toujours enrichissants, les posts écrits par Michel11 font du blog Histoire de la Littérature un grand espoir du web de demain. Il s agit, parait-il, du blog dont les lecteurs disposent du QI le plus élevé. Cela ne m étonnerait pas. Pourvu que Michel11 ne s arrête jamais de nous régaler ! signé http://blog.lisabuzz.com

mercredi 4 juin 2008

Téléchargez gratuitement

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A très bientôt pour un nouvel article, votre dévoué serviteur Michel

mardi 3 juin 2008

LA PREMIERE. GENERATION: CORNEILLE

du passe: on y cherchait des règles pratiques de morale individuelle ou de politique. ~
d) LE GOUT DE LA POLITIQUE. - Corneille, en s'attachant surtout a la politique dans l'histoire, était donc d' accord avec ses contemporains. II s'y complut d'autant. mieux que la politique offrait a ses personnages précisément Ie genre d'activité qui leur convenait : la réflexion y mène tout, les actes y résultent d'un choix volontaire et non d'une impulsion aveugle. Elle joue exactement dans ses tragédies le rôle que jouent les discussions d'affaires et les combinaisons commerciales dans les romans de Balzac. Quand elle ne mène pas l'action, elle fournit le milieu dans lequel baigne l'intrigue. C'est pourquoi il a travaille de préférence sur l'histoire romaine, la plus politique de toutes les histoires. II y trouvait sans cesse matière a maximes sur la guerre civile, a controverses sur la monarchie et la république, dont le présent pouvait faire son profit.
e) LE TYPE ROMAIN. - Et il y avait aussi une sorte d'harmonie préalable entre le caractère qu'il rêvait pour ses héros et le type conventionnel du Romain : énergique, tenace, maitre de soi. II faut en effet se garder de croire que Corneille, en peignant ses Romains, ait voulu faire revivre des personnages historiques. II a pris le type oratoire du Romain tel que le lui offrait une tradition très ancienne, celle des rhéteurs, des satiriques, des moralistes qui, au cours des âges, l'avaient pare de toutes les vertus pour mieux écraser par comparaison la petitesse de leurs contemporains. Mais a ce mannequin glorieux, il a mis un ressort qui l'anime : une âme contemporaine. Ne nous y trompons pas : il n'y a de grand, de vrai dans les Romains de Corneille que ce qui est du XVIIe sièc1e, c'est-a-dire le mécanisme moral. En effet Corneille n'a point invente de toutes pièces l'âme de ses héros. On le croit trop souvent, parce qu'on pense à Racine en parlant , de Corneille. Sans doute la nature que peint Racine est plus vraie pour nous. Mais ne pourrait-on pas _ dire que cette vérité date précisément de Racine? Racine a aperçu et décrit des états d'âme qui sont devenus de plus en plus fréquents et universels, des sensitifs et des impulsifs, des nerveux et des femmes. Corneille est d'un autre temps: il a et il exprime une nature plus forte et plus rude, qui a longtemps été la nature française, une nature intellectuelle et volontaire, consciente et active. En son temps surtout, c' était la vérité. II y a donc une Harmonie complète entre !'invention psychologique de Corneille et l'histoire réelle des âmes de ce temps-la : même les femmes sont peu féminines; leur vie intérieure est plus intellectuelle que sentimentale. Descartes, nous l'avons vu, confirme pleinement Corneille. Corneille a simplement pousse au sublime l'état d'âme de ses contemporains.
LA CONNAISSANCE PRINCIPE, DE L'AMOUR-. Rien n'est plus caractéristique que sa théorie de l'amour. C'est la pure théorie cartésienne. L'amour est le désir du bien; donc il est
régies par la connaissance du bien. Ce qu'on aime, on l’ aime pour la perfection qu'on y voit : d'ou, .quand cette perfection est réelle, la bonté de l’ amour, vertu et non faiblesse. Première conséquence : on ne saurait parler du conflit du devoir et de l’ amour, dans Le Cid par exemple, au sens courant que l'on donne a ces deux mots. Rodrigue aime Chimène, Chimène aime Rodrigue parce que chacun estime la grandeur d'âme de l'autre et le conçoit comme le bien le plus élevé auquel vouer sa vie. Aussi ni l'un ni l'autre, quand ils sont séparés par les événements, ne songent a renoncer a cet amour. Seulement ils le subordonnent a un bien supérieur qui est lasatisfaction due à l'honneur. La lutte entre le devoir et l'amour devient donc proprement le conflit entre deux devoirs: celui qu'on ne prend point pour règle et celui qu'on suit. Et chacun des héros se rend plus digne d' amour par les sacrifices qu'il fait; car l'estime ou l'autre le tient grandit. Ecoutez Rodrigue; ...J e t'ai fait une offense et j'ai dut m'y porter Pour effacer ma honte, et pour te mériter. Deuxième conséquence : la raison s' éclairant peut changer L’amour. Si le bien qu'on aimait est reconnu faux, ou si on Conçoit la notion d'un bien supérieur, l'âme déplacera son amour de l'objet le moins parfait au plus parfait. C'est toute la psychologie de Polyeucte. Polyeucte aime Pauline, Qu'il vient d'épouser, « cent fois plus que lui-même; » converti et tout prés du martyre, il l' aimera : Ce nouveau terme de comparaison explique toute la transformation de son âme. Lorsqu'il connaissait mal Dieu, Pauline était tout pour lui : l' œuvre de la grâce achevée, son amour est tout a Dieu, Pauline n' est plus que sa sœur en Dieu. Même aventure arrive a Pauline : Sévère a longtemps été tout ce qu'elle connaissait de meilleur; elle l'aimait donc plus que tout. Mais Polyeucte, converti, rebelle, martyr, lui révèle un héroïsme supérieur, tandis que la situation accuse le caractère purement humain de 1'amour de Sévère; l'amour de Pauline se transportera donc a Polyeucte, d'ou. il s'élancera jusqu'à la suprême perfection, jusqu'a Dieu. Tout le mécanisme moral de la tragédie se déduit de la définition cartésienne et cornélienne de l' amour. Comme 1'amour, a bien plus forte raison, les autres passions se réduiront a la connaissance : la raison domine en souveraine dans la psychologie cornélienne.
b) LA TOUTE-PUISSANCEDE LA VOLONTE.- Elle a néanmoins besoin d'un instrument pour se manifester : cet instrument, ce s’élia la volonté. La est le trait original et capital
de la psychologie de Corneille, toujours d'accord avec Descartes, et toujours conforme aussi a la réalité contemporaine. L'héroïsme cornélien n'est pas autre chose que 1'exaltation de la volonté, donnée comme souverainement libre et souverainement puissante. II n'est rien que les héros cornéliens n'affirment· plus fréquemment ni plus fortement que leur Volonté, claire, immuable, libre, toute-puissante. Je le ferais encor, si j'avais a le faire. (Le Cid, Polyeucte.) Et sur mes passions ma raison souveraine ... (Pauline, dans Polyeucte). Je suis maitre de moi comme de l'univers Je le suis, je veux l'être .... (Auguste, dans Cinna). Même Polyeucte l'extatique, Horace le patriote furieux, Camille l'amoureuse frénétique manifestent surtout de la volonté : tous les trois ont attribue une perfection, donc une valeur infinie a l'objet de leur amour, et toutes les énergies de leur âme sont ramassées pour le servir. Tous les personnages de Corneille, du moins ceux du premier plan, les héros, sont construits sur cette donnée, les femmes comme les hommes, les scélérats comme les généreux. Tous agissent par des déterminations de la volonté, d'après des maximes de la raison. De Iii vient qu'on reproche aces caractères d'être raides, et tout d'une pièce: car tant que la raison persiste dans ses maximes, la volonté persiste dans sa conduite. De Ià vient qu'on leur reproche de se démentirait de pivoter tout d'une pièce : si parfois la raison s'éclairant change de maximes, la volonté suit, et toute l'âme; ainsi Emilie, a la fin de. Cinna : Ma haine va mourir, que j'ai crue immortelle. Elle est morte .... Et désormais elle sera paisible dans la tendresse comme elle avait été forcenée dans la fureur. De Iii vient aussi que Racine reprochait ii Corneille ses héros « impeccables » : car si les maximes de la raison sont vraies, il ne saurait y avoir place pour Ie repentir, ni pour Ie regret, ni pour le changement. De Ià enfin résulte que ces héros sont des raisonneurs, car ils n'agissent pas par aveugles impulsions. Toujours leur raison les conduit et les contrôle. Ils sont donc toujours conscients et toujours réfléchis. Cette conception a sa vérité : elle représente, en leur forme idéale, les âmes fortes et dures qui raisonnent leurs passions, les âmes des Richelieu et des Retz, des grands ambitieux lucides et actifs. Ce qui a fait le plus méconnaitre cette vérité, c'est qu'on a longtemps identifie l'héroïsme cornélien à la vertu. Or l'héroïsme cornélien n'a pas nécessairement un caractère moral. n exprime la force, et non la bonté de l'âme. Tous les mots sublimes de Corneille sont comme un jaillissement spontané de la volonté. C'est par Iii qu'ils $ont..sublimes, et non par un caractère moral que1conque. La volonté peu~ même être employée au crime: elle reste la volonte, c'est-à dire quelque chose de toujours admirable quand elle est forte; et les êtres méprisables ne sont point les scélérats, mais les faibles. En vérité, tous ces personnages sont comme éclairés par un jour d'atelier : en pleine lumière, ceux dont la force peut tout; dans l'ombre, ceux dont la faiblesse n'ose rien. Et ce spectacle comporte bien une moralité, mais très participerai : c'est que l'énergie est la qualité propre des grandes âmes et la condition des grandes choses. Ce théâtre, disait justement Voltaire, est une « école de grandeur d'âme. »
c) QUE LA TOUTE-PUISSANCE DE LA VOLONTE FlGE L'ACTION. -- Cette conception de la volonté toute-puissante est-elle dramatique? Car la volonté, pour être la volonté, doit rester identique a elle-même, contrôlant les forces inferieures de l'âme, réglant rapidement toutes les difficultés. Comment donc soutenir 1'action morale? Par l' action extérieure : en fournissant a la volonté toujours de nouveaux obstacles, toujours de nouveaux efforts; et nous sommes ainsi ramenés a la structure de !'intrigue indiquée plus haut. Mais cependant, qu'arrivera-t-il, quand la volonté sera présentée dans sa force maxima, dans sa pureté s supérieure : dominatrice, sereine, immuable? II fallait bien en venir a la peindre ainsi, du moment qu'on la prenait pour élément essentiel de la psychologie dramatique. Et c'est ainsi que Corneille a conçu le caractère de Nicomède : toutes les passions du dedans supprimées, toutes les passions du dehors, chez les autres, impuissantes, la volonté, maitresse d'elle-même, supérieure à la fortune, demeure disponible et oisive. Plus d' effort a faire; plus de passion, partant, ni de violence. Plus d'action non plus. Que reste-t-il? II n'est pas besoin que la volante s'arme, pour écraser les petits ennemis qui la menacent : le mépris suffit. D'ou la hautaine et calme ironie de Nicomède, qui est le pur héros cornélien. Le poète était assez fier d'avoir fonde dans cette pièce une nouvelle sorte de tragédie, sans terreur ni pitié, avec 1'admiration pour unique ressort : il ne s' apercevait pas qu'il la fondait dans le vide. En effet, plus la Volonté est pure, moins la tragédie sera dramatique : ce qui est dramatique, ce sont les défaites ou les demi-succès, ou les lentes et couteuses victoires de la volonté, ce sont les incessants combats; mais la domination absolue et incontestée de la volonté n'est pas dramatique. Nicomède est un coup de génie que Corneille n'a pas pu répéter. Les autres pièces sont dramatiques précisément dans la mesure ou la volonté demeure éloignée de sa perfection, et en proportion de la force des éléments qui 1'en éloignent. Ce sont les combats de la passion contre la volonté qui font la beauté dramatique du Cid, de Polyeucte, de Cinna. Corneille est un excellent écrivain : il parle la langue de son temps, qui a parfois' vieilli, une langue un peu dure, un peu tendue, oratoire et pratique plutôt que politique et sensible, - mais admirable de vigueur et de précision. Il la possède a fond et la manie avec une aisance, une habileté uniques, comme il maniait le vers : c'est- un des plus étonnants écrivains en vers que nous ayons; il semble que cette forme lui soit plus naturelle que la prose. Loin de parler de galimatias, parce que la construction a vieilli en quelques endroits -, ce qu'il faut louer, c'est la netteté, la facilite du style poétique de Corneille. Ce style n'a rien de pittoresque et ne vise pas aux effets artistiques; il n'a même pas beaucoup de couleur, sinon dans les sujets où !'imagination espagnole jette encore ses feux a travers le langage raisonnable de l'auteur français. Mais il a la force et un éclat intellectuel qui résulte du ramassé de la pensée, de la justesse saisissante des mots, de la netteté logique du discours. est uniquement un style d' action. Corneille ne cherche pas a créer avec les mots, les images, les harmonies de son vers une sorte d' atmosphère poétique ou vivront ses héros; ce serait distraire l'attention du spectateur qui doit être uniquement attentif a suivre, sur fond neutre, la courbe de leur effort. Dans aucune tragédie romaine de Corneille, il n'y a la moitie de la couleur qu'on trouve dans Britannicus. Son génie et son langage sont éminemment intellectuels; il ne regarde et n'enregistre que les mouvements de l'âme. Mais la il retrouve sa supériorité : pour marquer les mouvements de l'âme, toutes les figures de construction et de grammaire, toutes les cadences du vers, toutes les coupes du dialogue lui sont familières. II excelle a rendre le mouvement. Et son lyrisme incontestable, ce mouvement presse des pensées qui s'élancent, qui enlèvent la stance ou la strophe, tient a ce sens supérieur du rythme, - du rythme dépouillé des ressources ordinaires du lyrisme (richesse des images, délicatesse des sonorités), - du rythme a l'état pur.

lundi 2 juin 2008

Bienvenu

Je vous souhaite la bienvenue:

Ce nouveau blog est une suite au blog que j'avais fait il y a quelque temps, ce blog ce nommait Histoire de la littérature. J'ai pour des raisons personnelles arrêter se blog.
Maintenant tout est rentrer dans l'ordre et je peut reprendre mon activité je souhaite que se petit désagrément ne vous auras pas fâché. A très bientôt Michel