La Reforme provoqua chez les catholiques un réveil puissant de la foi.
Le jansénisme fut un des aspects de cette renaissance religieuse.
Largement répandu dans la société laïque, il fut le plus puissant adversaire du libertinage.
Celui-ci se réclamait de la raison; le jansénisme démontrait l'impuissance de la raison sans la foi.
Le jansénisme est une solution donnée à un problème très difficile : celui de la liberté humaine.
Il prétend que I’ homme ne peut rien par lui-même; c'est Dieu qui fait tout en lui, qui le sauve ou qui le damne.
Nous devons donc vivre dans l'attente angoissante d'un jugement sur lequel nous ne pouvons rien.
La morale du jansénisme est très austère.
Le fondateur du jansénisme est un évêques d'Ypres, Jansénius, auteur de l'Augustinus (1640).
Le mouvement pénétra en France par l'intermédiaire de l'abbé de Saint-Cyran et de la communauté terminiez de Port-Royal.
It fut combattu par les jésuites, qui armèrent contre lui l'autorité royale et parvinrent, en 1710,à faire raser les bâtiments de Port-Royal.
(1623-1662), après une enfance et une jeunesse adonnées aux sciences, vint au jansénisme par deux conversions successives, dont la deuxième fut une illumination subite.
Il apportait de Port- Royal un esprit rompu au raisonnement scientifique et de la pratique du monde.
Ces qualités, rares chez un théologien, firent le grand succès des Provinciales (1656-1657), écrites pour riposter aux attaques des jésuites.
Il entreprit ensuite au milieu de souffrances, aigués, qu'il accroissait volontairement pour se mortifier, une œuvre, destinée à la conversion des incrédules.
La mort l'empêcha de l'écrire.
C'était une nature ardente, tourmentée, et une des intelligences les plus puissantes et les plus complètes qui aient jamais été.
Savant, il créa la méthode expérimentale, qui s'oppose nettement de la méthode cartésienne, trop confiante en la seule raison (expérience du Puy-de-Dôme).
Du raisonnement et par le naturel de la forme, le premier chef-d œuvre classique.
Apologiste, il préparait cette Apologie de la Religion Chrétienne qu'il ne put rédiger; du moins ses notes préparatoires subsistent, et ce sont elles que l'on a publiées sous le nom de Pensées.
II semble avoir voulu démontrer d'abord que la religion n'est contraire ni de la raison ni de la volonté de bonheur de I’ homme; qu'historiquement elle est vraie; et donc qu'il faut croire ou Plutôt pratiquer pour se préparer de croire, la foi ne pouvant être donnée que par la grâce.
Par sa défiance de la raison, par son imagination puissante, Pascal diffère des autres classiques; le XIXe siècle seul l'a pleinement compris.
Sa principale originalité est le don de profondeur qui lui découvre toutes sortes de rapports insaisissables aux autres.
Quand les autres croient tenir la vérité, Pascal en aperçoit les limites; il a vu celles de la science, il a demande de la foi une connaissance supérieure d'où celle que la science lui procurait: il n'y a pas eu de rupture dans sa vie intellectuelle.
Sa «rhétorique» consiste d’écrire le Plus naturellement possible et de recherchè toute occasion l'ordre persuasif.
Les deux caractéristiques de son style, un des plus vivants qui soient, sont la logique et la passion.
C'est un des plus grands poètes de la littérature chrétienne.
La Reforme provoqua en France chez les catholiques un réveil puissant t de la foi et de l'ardeur morale.
L'esprit monastique travaille a refouler· a la fois les doctrines hétérodoxes des protestants et le libertinage naturaliste issu de la Renaissance.
Au reste, tant d'années de discordes et de misères avaient retrempe 1 énergie des âmes et elles aspiraient a une religion ascétique.
instinct national, le peu de succès qu'obtinrent chez nous les résuites, dont la religion parut trop aimable et trop fleurie, et la profonde influence qu'exerça au contraire le jansénisme.
C'est qu'étant une doctrine et non point un ordre, il sollicitait simplement 1 adhésion de la raison, en dehors de tout engagement matériel destructeur de la liberté.
Les «libertins,» comme on appelle les incrédules, furent nombreux sous Louis XIII. II y en avait de deux sortes; un premier groupe était constitué par les philosophes et les érudits, gens discrets, ennemis du scandale, et qui faisaient extérieurement profession de respecter la religion.
Ces libertins du monde n'avaient pas de doctrine arrêtée : ils se moquaient des mystères et des dévots, affichaient la tolérance, prétendaient suivre seulement la raison et la nature, et vivaient en gens plus assurés d'avoir un estomac qu'une âme.
En aucune façon, objectent les jansénistes suivant saint Augustin; car cette liberté qu'il faudrait bien concéder a l’homme pour qu'il put réellement mériter ou démériter, ce serait une restriction inadmissible a la souveraineté absolue de Dieu.
Les jansénistes soutinrent que les propositions n'étaient pas dans Jansénius (elles n'y étaient pas textuellement, mais elles étaient l'âme du livre, selon Bossuet), et ils refusèrent de les condamner comme étant de lui.
Peu a peu, le monde le reconquiert; il constate que pour se bien comporter et pour y réussir, il y faut un esprit différent de l'esprit scientifique : il y faut du gout, du discernement.
II le fit dans les Provinciales avec une vigueur qui déconcerta l'adversaire et rendit ces pamphlets immortels.
Nature tourmentée et superbe, que la maladie aigrit encore et troubla, intelligence puissante, étendue en tous sens, - un des plus beaux et des plus forts esprits d'homme qu'il y ait jamais eu.
Valeur littéraire c'est du reste ce recours a la raison humaine qui fit le succès des Lettres et qui en fait encore aujourd'hui la beauté supérieure.
Aussi Pascal, tout Pascal qu'il était, ne put-il que faire sortir des textes la vérité qui lui plaisait.
Pascal arrive donc a cette conclusion : il faut croire; et, en attendant que la grâce nous soit donnée de croire, il faut vivre en chrétien, faire comme si on croyait,: on pliera la machine, on ira a la messe, on s'abêtira de façon que les habitudes du corps ne fassent pas obstacle aux mouvements de l'âme, et la préparent pour le moment ou la grâce l'inclinera.
Pascal en effet, janséniste conséquent, n'attend rien que de la grâce: seule elle peut donner la foi; quand la raison cessera d'argumenter, elle illuminera le cœur.
Voila ce que c'est que la foi: Dieu sensible au cœur, non a la raison!.
Le XVII et le XVIIIe siècle l'ont admire ou combattu sans le bien comprendre.
Le XIXe siècle a enfin mis ce prodigieux génie a sa juste place.
II a emprunte sa matière un peu partout : ses idées chrétiennes, surtout aux Peres de l'Eglise; ses idées profanes, surtout a Montaigne.
II a en effet sur l'originalité la superbe indifférence de nos classiques; comme eux, il vise moins a la nouveauté qu'a la vérité.
Mais il est incomparable pour saisir, dans les idées.que les autres ont eues avant lui, toutes sortes de liaisons qu'on ne soupçonnait pas et pour en montrer l'importance.
Jamais rien, chez lui, ne reste banal et superficiel.
Les chasés qu'on lit ailleurs, dans Montaigne même, sans y faire grande réflexion ni y apercevoir grande conséquence, prennent, lorsqu'il les rend presque dans les mêmes termes, une gravite, une portée qui saisissent l'esprit : par un mot, ou même par l'insaisissable frémissement de sa phrase, on sent qu'il y voit un monde.
Ce don de profondeur apparait a tout instant dans les Pensée;.
A chaque pas, des mots brefs, étranges parfois, ouvrent d'infinies perspectives : les problèmes les plus troublants de la science contemporaine, l'identité du moi, I hérédité des caractères acquis y sont posés.
En ce temps même ou la science faisait ses premiers pas, ou le premier emploi des méthodes et des instruments la remplissait d'espérance et d'orgueil, - il en a très exactement délimite le domaine dans son fameux morceau des Deux Infinis : n'ayons point d'illusion : nous n'apercevrons jamais les substances, les principes, les causes, tout au plus «quelque apparence du milieu des choses;» la connaissance scientifique est essentiellement incomplète et relative.
Et cela désespère ce grand esprit, avide d'une certitude absolue et infinie.
Originalité et unité de la pensée de Pascal.Par la se découvre a nous l'unité de pensée de Pascal; l'ascétisme janséniste de Pascal et les Pensées ne sont pas en contradiction avec le développement antérieur de son intelligence.
II n'y a pas eu de rupture dans sa vie intellectuelle : il y a eu une évolution continue, au terme de laquelle il a tout quitte pour suivre Jésus-Christ.
La raison, il l'avait éprouvé, ne lui donnait prise que sur le monde décevant des apparences i1 a donc demande a la foi une connaissance supérieure a celle que lui procurait la raison.
Le dévot en lui n'a pas détruit, il a contente le savant.
II y a une «rhétorique» de Pascal.
La «théorique »Le mot est d'Arnauld : «Feu M. Pascal, de Pascal qui savait autant de véritable rhétorique que personne en ait jamais su
II faut la chercher dans l'opuscule : De l'esprit géométrique, notamment dans sa seconde partie: De l'art de persuader, et dans les Pensées.
Elle consiste en cette observation très générale : c'est qu'il ne peut exister de règles particulières, seulement des principes.
Voici quels sont ces principes : il ne suffit pas de convaincre l'entendement, il faut persuader le cœur; pour cela l'esprit de géométrie est impuissant, il faut recourir a l'esprit de finesse.
C'est l'esprit de finesse qui décidera des tours a employer, de la disposition même des arguments.
II faut se renfermer, le plus qu'il est possible, dans le simple nature!..
.. Donc, étant donné le but poursuivi, il faut supprimer «tout ce qui n'est que pour l'auteur» et «ce qui masque et déguise la nature »: les fausses symétries pareilles a de fausses fenêtres, les fausses elle Entendez qu'elle dédaigne les procédés et va droit à l'âme.
gances, les ornements postiches : «La vraie éloquence se moque de l'éloquence.
Nul n'a plus travaillé se manuscrits que Pascal a refait treize fois, dit-on, la XVIIIe Provinciale.
L'originalité de son style éclate Le style de Pascal: avec d'autant plus de puissance Géométrie et passion qu'il est dépouille de tout artifice.
On a dit de ce style qu'il était «la géométrie en Hamme» : la logique et la passion en sont en effet les deux caractères.
II respecte les propriétés des mots, elles veut exactement a leur place, et c'est le fait du logicien; mais parce qu'il s'est engage de toute son âme dans les problèmes qu'il agite, ses émotions ou visions se coulent naturellement dans l'expression, et c'est le fait du poète.
II n'est pas de poésie plus large et plus terrible que celle a Laquelle il atteint quand il se place en face de l'inconnaissable.
Par elles, il a rendu avec force la poésie de la religion : non point la poésie extérieure, mais la poésie intime, personnelle, qui emplit l'âme croyante unie a son Dieu.
C'est un des plus grands poètes de notre littérature classique.
C'est un des plus grands poètes de la littérature chrétienne, a placer entre sainte Thérèse et l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ.
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